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voient esté descouvertes, luy avoient cousté fort cher. J’en ai appris une entr’autres qu’il n’est pas hors de propos de reciter, parce qu’elle marque assez bien son caractere. Il avoit coustume d’occuper pour deux ou trois parties en mesme procez, sous le nom de differens procureurs de ses amis. Un jour qu’il ne pouvoit plus differer la condemnation d’un debiteur fuyard, il suscita un intervenant qui mit le procez hors d’état d’estre jugé ; mais comme celuy qui le poursuivoit s’en plaignit, Vollichon, pour oster la pensée que ce fust luy, dressa des écritures pour cet intervenant, où il declama de tout son possible contre luy-mesme ; il soustenoit que Vollichon estoit l’autheur de toute la chicanne du procez ; que c’estoit un homme connu dans le presidial pour ses friponneries ; qu’il avoit esté plusieurs fois pour cela noté et interdit ; et, apres s’estre dit force injures, il laissa à un clerc le soin de les décrire et de les faire signifier. Le clerc, paresseux de les coppier et encore plus de les lire, les donna à signifier comme elles estoient, escrites de la main de Vollichon. Elles vinrent ainsi entre les mains de sa partie adverse, et de là en celle des juges, qui en éclatterent de rire, mais qui ne laisserent pas de l’en punir rigoureusement.

Tel estoit donc le genie de Vollichon, qui vint à ce poinct de décry que le bourreau mesme, dont il estoit le procureur, le revoqua, sur ce qu’il ne le trouva pas assez honneste homme pour se servir de luy. Je laisse maintenant à penser si Nicodeme, qui n’étoit pas fort avare, mais qui estoit tres-amoureux, pouvoit bientost gagner les bonnes graces d’un homme aussi affamé que Vollichon. Il luy faisoit des escritures à dix sous par roolle ; il s’abonnoit avec luy pour plaider ses causes à