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ne travaillent que pour vous et qui ne taschent qu’à vous donner de l’employ. Que plust à Dieu qu’ils vous fussent fideles ! Vous seriez trop riche si vous teniez dans vos filets tous ceux qui sont de vostre gibier. Cependant ils ont beau frauder vos droits, vos richesses sont encore assez considerables. Il n’y a point de revenus plus asseurez que les vostres, puisque leur fonds est asseuré sur la malice des hommes, qui croist de jour en jour et qui s’augmente à l’infini. Il faut pourtant que vous ne soyez pas sans moderation, puisque vous avez le moyen de faire votre fortune aussi grande que vous voudrez : car on dit quand un homme fait bien ses affaires qu’il a sur luy de la corde de pendu, et certes il n’y a personne qui en puisse avoir plus que vous. Aussi vostre merite a tellement esté reconnu, qu’on s’est détrompé depuis peu du scrupule qu’on avoit de vous frequenter. Au lieu de vous fuir comme un pestiferé, on a veu beaucoup de gens de naissance ne faire point de difficulté d’aller boire avec vous, parce que vous aviez de bon vin. De sorte qu’il ne faut pas qu’on s’étonne qu’insensiblement vous vous trouviez parmi les heros et les Mecenas. Comme on a poussé si loin l’hyperbole et la flatterie, j’ai souvent admiré qu’apres avoir placé au rang des demy-dieux tant de voleurs et de coquins, on ne vous ait pas mis de leur nombre : car je sçay que vous estes leur grand camarade, et je vous ay veu bien des fois leur donner de belles accolades. Il est vray que vous leur donniez incontinent apres un tour de vostre mestier ; mais combien y a-t-il de courtisans qui vous imitent, et qui en mesme temps qu’ils baisent un homme et qu’ils l’embrassent, le trahissent et le précipitent ? Si on vous reproche que vous