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et de procedures que le pauvre homme ne pût jamais démesler cette fusée, et vit prononcer deux fois contre luy une injurieuse interdiction. Encore avoit-elle l’adresse de ces capitaines qui, portant la guerre dans un païs ennemy, y font subsister leurs troupes. Car elle tiroit contribution de tous les ennemis et creanciers de Belastre, et encore plus de ceux qui pretendoient au titre ou à la commission de sa charge. Mais elle changeoit aussi souvent de party que jadis les lansquenets, et sa fidelité cessoit aussitost que sa pension. Cependant cinq ans de plaidoirie aguerrirent si bien l’ignorant Belastre, qu’il devint aussi grand chicaneur qu’il y en eust en France ; aussi ne pouvoit-il manquer d’apprendre bien son mestier, estant à l’escole de Collantine. À force donc de voir ses procureurs et ses advocats, il apprit quelques termes de chicane ; et dès qu’il en sçeut une douzaine, il crut en sçavoir tout le secret et toutes les ruses. Il luy arriva donc ce que j’ay remarqué arriver à beaucoup d’autres ; car dès qu’un gentilhomme ou un paysan se sont mis une fois à plaider, ils y prennent un tel goust qu’ils y passent toute leur vie, et y mangent tout leur bien, de sorte qu’il n’y a point de plus opiniastres ni de plus dangereuses parties, au lieu que ceux qui sont les plus entendus dans le mestier sont ceux qui plaident le plus tard et qui s’accordent le plustost. Il lui arriva mesme d’avoir quelquefois l’avantage sur Collantine, car il combatoit en fuyant, et à la maniere des Parthes, ce qu’on pratique ordinairement quand on est deffendeur, et en possession de la chose contestée. Il faloit qu’elle avançast tous les frais, ce qu’elle ne pouvoit faire quand ses contributions manquoient ; pour de la patience, elle en avoit de reste, et