Page:Furetière - Le Roman bourgeois.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lite, luy disant que cette lecture seroit trop ennuieuse, et qu’on s’entretiendroit plus agreablement de vive voix. Il dit mesme qu’il avoit veu la piece, et qu’elle ne meritoit pas l’attention d’une si belle trouppe. Le mespris qu’il en fit fut cause qu’on le soubçonna aussitost de l’avoir faite et de l’avoir donnée à Angelique, car on connoissoit l’intelligence qu’ils avoient ensemble, et il estoit d’ailleurs trop discret pour mespriser ainsi publiquement les ouvrages d’autruy. Cela fit redoubler la curiosité d’Hyppolite, qui l’emporta sur la resistance d’Angelique ; et les allant tirer par le bras les uns apres les autres, elle fit r’asseoir chacun en sa place. Puis adressant la parole à Philalethe, elle luy dit : Pour votre punition de nous avoir voulu priver de cette lecture, il faut que ce soit vous qui la fassiez. Aussi bien, comme je vous en crois l’auteur, cela vous ostera le chagrin que vous auriez à me l’entendre lire mal. Philalethe, recevant le cahier fort civilement, luy dit : Je renonce à la gloire que vous me donnez de la composition ; mais j’accepte volontiers celle de vous obéir, et en disant cela, il commença de lire en ces termes :