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LES DEUX MARTINS

Ils sont deux Martins : l’un pêche, l’autre chasse. On pourrait représenter le premier avec une ligne à la patte, et le second un fusil sur l’épaule.

Cependant leur arme commune et redoutable est un bec effilé comme un poignard albanais, qui pince et qui tord, avec un succès égal, le reptile et le poisson.

Qui n’a pas admiré le Martin-pêcheur de nos climats, au vol rapide, au plumage azuré, passant comme une flèche, brillant comme un rayon ? Le voici caché sous la feuillée, en sentinelle, sur la branche d’un saule ou d’un ormeau. À ses pieds coule une rivière ou dort un étang. Tandis que le poisson se joue avec confiance à la surface de l’eau, le Martin-pêcheur observe, attend, choisit sa proie, s’élance, plonge, saisit, tient sa victime : un éclair, un éblouissement.

En un clin d’œil, il a regagné son poste, en serrant dans son large bec sa proie infortunée, qui se tord et se débat en vain, qu’il frappe contre une branche à coups secs et redoublés, absolument comme Polichinelle quand il bat sa femme.