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LES CHIENS.

détours, comme pour donner à son adversaire le mérite de lui échapper et se donner à lui-même le plaisir de le poursuivre.

Pour lui, la course est un jeu, la victoire une habitude ; quand il bondit, c’est un trait, c’est une lance qui décrit des courbes.

D’un autre côté, se dressent les grands Chiens danois au poil fauve et ras : on dirait des lionnes du cap de Bonne-Espérance.

Leur force est extraordinaire, leur taille magnifique, leur humeur redoutable. Assis et le museau au vent, laissant tomber sur le public un regard dédaigneux et souverain, on croirait ces molosses sculptés par Barye.

Leur férocité égale leur vigueur. Quand le Régent mourut, on ne put embaumer que la moitié de son cœur. Un grand Chien danois qui avait appartenu au prince se jeta sur l’organe saignant de son maître et le dévora ; il fallut lui en arracher les morceaux de la gueule.

Ce cruel animal était d’autant plus coupable, qu’il vivait à la cour depuis dix ans et n’avait qu’à aboyer pour être servi.

À droite, le Loulou d’Alsace, si fidèle et si français, vif, alerte, bruyant, joyeux, l’oreille droite et le panache en cor de chasse. Remuant, bavard, il a du vif-argent dans les quatre pattes, aboie à tout propos, aime le bruit, les voyages, le grand air, et professe un goût particulier pour les impériales de diligences.

À gauche, le Caniche portant moustache et barbiche,