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PORTRAITS ZOOLOGIQUES.

naît, qu’il vit, qu’il meurt, qu’il a implanté sa touchante et noble race, une race de philanthropes.

Le voici immobile sur son banc de chenil, énorme et fort, et blanc comme la neige des montagnes, la tête haute, sa patte hospitalière tendue en avant, l’œil clair et doux, interrogeant l’horizon, ayant l’air de chercher à sauver quelqu’un.

Il ne lui manque qu’un nécessaire de voyage, son attirail légendaire et charitable, un baril au cou et une couverture sur l’épaule ; il ne lui manque qu’une brochette de médailles sur le poitrail, et sur sa niche cette devise bien méritée :

Hominis amantissimus canis.

D’un côté, les Lévriers à longs poils, russes, persans, écossais, circassiens, souples, longs et gracieux comme des tigres, profilant leurs museaux pointus comme s’ils flairaient un sanglier imaginaire ; cauteleux, attentifs, l’oreille droite et la queue en cercle, prêts à bondir. C’est la grâce même, c’est l’agilité, c’est la vigueur.

Le Lévrier ne court pas, il est déjà là ; il ne poursuit pas, il atteint ; il ne chasse pas, il prend. Il a la lutte brillante et prompte, décisive.

Parfois il ralentit ses bonds, invente des obstacles et des