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PORTRAITS ZOOLOGIQUES.

Et le Lapon impassible, enfoui dans le traîneau, bloc de fourrure et de neige, entonne la chanson du Renne :

« Kulnazats, mon petit Renne, il faut nous hâter, car nous avons du chemin à faire. Les marécages sont vastes et les chansons nous manquent. Marais, ton aspect ne m’ennuie point. Marais immense, je te salue ; beaucoup de pensées se pressent dans mon esprit, pendant que je suis porté à travers le marais. Mon petit Renne, soyons agiles et légers : c’est ainsi que nous terminerons plus promptement notre voyage, que nous arriverons où nous devons aller. Là je verrai mon amante se promener.

« Kulnazats, mon doux Renne, regarde au loin, et vois si tu ne l’aperçois pas, attendant sur le seuil de sa hutte. »

Le Renne ! toujours le Renne ! C’est un personnage aimé, presque sacré, qui est entré dans les coutumes, dans les chants, dans la vie de ces peuplades hospitalières et douces.

Dans le Groenland, lorsqu’un enfant meurt, avant de l’ensevelir dans la neige, on lui donne un compagnon pour guider sa jeune âme : cette victime est un petit Renne. La mère croit, dans son innocence, que cet ami conduira son fils près des vieux parents qui l’ont précédé dans la tombe.