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III

LE RENNE

Le Renne n’a pas la majesté du cerf, la fierté gracieuse du chamois, les formes charmantes et légères de l’antilope.

Mais qu’importent son corps trapu, sa jambe courte et sa cuisse épaisse, son large sabot taillé pour glisser sur les marais et sur les neiges ? Qu’importent sa queue trop courte ou sa bouche trop grande, sa grosse tête baissée comme s’il allait prendre son élan, son grand cou tendu comme s’il tirait un traîneau imaginaire, son museau lourd qui semble toujours flairer le loup gigantesque du pôle, ou chercher sur une roche stérile la renoncule des neiges ? Qu’importe cette allure étrange, brusque, heurtée ? C’est le Renne ! un des animaux les plus utiles et les plus intéressants de la création. C’est le Renne, sans lequel une foule de peuplades ne pourraient vivre !

Le Renne n’a pas besoin de plaire ; il a pourtant je ne sais quelle grâce abrupte et mélancolique, un charme âpre, une beauté grave. On retrouve sur sa face calme et naïve comme un reflet des pays désolés, des neiges et des glaces où il est né. Son poil est terne, épais, grossier ; mais sa tête