Page:Fulbert-Dumonteil - Portraits zoologiques.pdf/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

II

LE FLAMMANT D’ÉGYPTE

De fines et hautes jambes, deux échasses, deux compas, deux aiguilles ; un long cou soyeux et flexible, ondulant comme une couleuvre ; un bec rose en forme de croissant renversé ; des yeux d’or à fleur de tête ; un plumage admirable, de blanches ailes teintées de pourpre ; la démarche lente et noble, empreinte d’une grâce aérienne : tel est le Flammant, un des hôtes les plus beaux du Jardin d’acclimatation, et peut-être le plus magnifique oiseau de l’Orient.

Le voici immobile et droit sur sa patte, comme sur une baguette de tambour, projetant dans le vide son autre patte repliée en angle droit. Le cou, ramené sur lui-même, se noue comme un huit ; le bec s’enfonce comme un poignard dans la plume éclatante, et l’on ne distingue qu’un grand œil jaune, un diamant.

On dirait un hiéroglyphe vivant, une énigme emplumée.

C’est un grand rêveur que le Flammant. Immobile sur sa patte et le bec tourné vers l’Orient, il songe des heures entières, et semble remonter le cours des siècles, comme il remonte le cours des fleuves.