sous de riches trophées d’armes. Des nobles de première classe, faisant l’office de valets de chambre, se tenaient debout, la tête découverte, auprès du haut dignitaire, et veillaient soigneusement à ce qu’on lui prodiguât la nourriture la plus exquise, particulièrement les jeunes pousses de la canne à sucre.
» Cet Éléphant avait l’air fort ennuyé ; de temps en temps il faisait un geste de sa trompe, comme pour congédier ses courtisans, et semblait dire : Trop d’hommages !
» Mais l’homme ne sait que détruire ou se prosterner ; il faut absolument qu’il maudisse ou qu’il adore.
» Les nobles de première classe adoraient toujours l’Éléphant, sans tenir compte de ses signes d’impatience, et, de guerre lasse, ce dieu malgré lui les laissait faire.
» Lorsque, couvert de caparaçons splendides, l’Éléphant se rendait au bain, escorté d’une foule de courtisans et précédé d’une troupe de musiciens, le peuple se prosternait partout sur son passage.
» À mon départ de Bangkok, ajoute sir John Bowring, après la signature des traités, la lettre du roi de Siam à la reine d’Angleterre me fut officiellement remise.
» Cette lettre, gravée sur des feuilles d’or, était renfermée dans une boîte d’or fermant avec une clef enrichie de pierres fines.
» Parmi les nombreux objets accompagnant la lettre royale, il s’en trouvait un, le plus précieux de tous, m’assurait-on : l’inappréciable offrande se composait d’un bouquet de crins coupés sur la queue de l’Éléphant blanc et liés avec un fil d’or. »
Pourquoi ce culte étrange ? On se rappelle sans doute que, dans la croyance hindoue, l’Éléphant est la plus volumineuse