Page:Fujishima - Le Bouddhisme Japonais, doctrines et histoire des douze grandes sectes bouddhiques du Japon.djvu/96

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
38
LE BOUDDHISME JAPONAIS

À la seconde période, les gens de petite intelligence, quoiqu’ils puissent détruire la fausse idée de l’existence du « moi » et échapper ainsi aux naissances continuelles, qui sont la conséquence de la première période, croient encore à l’existence réelle des Dharmas. Aussi ne sont-ils pas capables de voir la vérité. C’est à l’intention de ces gens que Bouddha enseigna la seconde division de la doctrine : le néant de toutes choses, dans le Mahâprajñâ-pâramitâ-sûtra, etc. Cette doctrine dissipe la fausse idée de « l’existence des Dharmas » ; mais elle mène les hommes à croire au « néant pur de tous les Dharmas ». Il y a ainsi deux espèces de personnes, dont l’une croit à l’« existence ou réalité des Dharmas » et l’autre au « néant ou non-réalité ».

À la troisième période, Bouddha prêcha, pour détruire ces fausses idées, le « chemin-milieu » qui n’est ni l’existence ni le néant, La doctrine de cette période montre que la nature imaginaire (Parikalpita-lakshaṇa ; hén-gué-shô-shû-shô) est irréelle, mais que la nature relative (Paratantra-lakshaṇa ; E-la-ki-shô) et la nature absolue (Parinishpanna-lakshaṇa ; En-jô-jitsou-shô) sont réelles. Dans l’Avataṃsaka-sûtra (Ké-gon-guyô) et le Saṃdhinirmocana-sûtra (Gé-jin-mitsou-kyô), il y a plusieurs expressions techniques telles que les « trois mondes » : de désir (Kâma ; yokou), de forme (Rûpa ; shiki) et de non-forme (Arûpa, Mou-shiki) qui sont l’esprit unique ; les huit « connaissances » (Vijñânas ; Shiki) et les trois natures (Lakshaṇas, Shô).