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INTRODUCTION

besoin de combler par des lois la lacune que la religion avait laissée dans la morale. C’est ce qui explique la fondation, en Europe et dans l’Amérique, de sociétés protectrices des animaux. En Extrême Orient, le Bouddhisme suffit à assurer aux bêtes aide et protection, et personne n’y comprendrait l’utilité de pareilles sociétés.

Quelques-uns prétendent que les bêtes n’ont pas de droits ; d’autres se persuadent que notre conduite à leur égard n’importe en rien à la morale, et on a appuyé une telle prétention sur une hypothèse, admise contre l’évidence même, d’une différence absolue entre l’homme et la bête. C’est Descartes qui l’a proclamée sur le ton le plus net et le plus tranchant, et en effet, c’était là une conséquence nécessaire de ses erreurs. D’autre part, on a fait remarquer que ces idées sont en germe dans l’Ancien Testament.

Entre la pitié envers les bêtes et la bonté d’âme, il y a un lien très étroit. On peut dire sans hésiter que quand un individu est méchant pour les bêtes, il ne saurait être homme de bien. On peut d’ailleurs montrer que cette pitié et les vertus sociales ont la même source.

D’après les recherches de la science nouvelle découverte par Darwin, l’homme et l’animal ont le même ancêtre à leur source première, il n’est donc pas permis de dire que le règne animal a été mis au monde pour notre utilité et notre jouissance.