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INTRODUCTION

la constance d’un principe actif, c’est la Bhûta-tathâtâ ; le récipient de toute chose, c’est le Tathâgata-garbha.

On se demandera sans doute si le terme Nirvâṇa n’existait pas déjà avant Çâkyamuni. Nous ne pouvons mieux faire que citer à ce propos un passage de Çuraṃgama-samâdhi-sûtra : « Le roi Prasenajit[1] dit à Çâkyamuni Bouddha : « Lorsque j’ai vu Kakuda-kâtyâyana et Saṃjaya-yavâiraṭṭi[2] avant de recevoir l’enseignement des Bouddhas, ils m’ont affirmé que l’anéantissement de toute existence après la mort, c’est le Nirvâṇa. Bien que je voie aujourd’hui le vénérable Bouddha, je doute encore ; comment se révèle l’état de la pensée qui n’a ni naissance ni dissolution ? »

Le bonheur du Bouddhisme réside-t-il donc dans la vie actuelle ou ne se trouve-t-il que dans la vie ultérieure ? Le Bouddhisme enseigne à la fois le bonheur dans le présent et dans l’avenir. Mais ce bonheur n’est que moral et ne s’adresse qu’à l’esprit, non pas au corps ni au sens. Le Bouddhisme se préoccupe uniquement du bonheur de l’âme ; d’ailleurs l’âme étant intimement liée au corps ne peut manquer de réagir sur lui. Mais ce bonheur ne s’arrête pas aux limites de l’individu ; il agit sur la masse entière, il profite à l’humanité. Tandis

  1. Il était roi du royaume de Çrâvastî à l’époque où le Bouddha vivait dans le monde.
  2. Ce sont deux des six grands philosophes hétérodoxes de l’Inde à cette époque.