Page:Fujishima - Le Bouddhisme Japonais, doctrines et histoire des douze grandes sectes bouddhiques du Japon.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XXII
INTRODUCTION

n’engendre pas le mouvement ni la vie ; il est le mouvement même. Il n’excède en rien les choses, il y est tout entier. Et de même, il n’excède en rien la capacité intellectuelle de l’homme. Selon Fichte, l’absolu est le moi — sujet lui-même produisant le monde phénoménal par une création inconsciente et involontaire. Selon Schelling, l’absolu n’est ni le moi, ni le non-moi, mais leur racine commune où l’opposition d’un sujet pensant et d’un objet pensé disparaît dans une parfaite indifférence. C’est le neutre antérieur et supérieur à tous les contrastes, l’identité des contraires. L’absolu de Fichte est l’un des termes de l’opposition : celui de Schelling est la source transcendante, mystérieuse, impénétrable de cette opposition. Ainsi, dans ce dernier, les choses procèdent de l’absolu qui par cela même demeure en dehors des choses. Dans Hegel, l’absolu en est le processus même[1]. L’absolu du Bouddhisme est tout à fait analogue à celui de Hegel. Ainsi, que l’on considère la Bhûta-tathâtâ comme l’essence de toute chose, ou comme inhérente à toute chose la Bhûta-tathâtâ et les choses sont identiques ; ce sont deux faces inséparables d’une même existence. La Bhûta-tathâtâ absolue, ce sont les eaux de l’océan au calme plat ; les modes relatifs, ce sont les vagues dont les formes sont constamment changées par le vent. La Bhûta-tathâtâ absolue n’est pas

  1. D’après l’Histoire de la philosophie en Europe, par A. Weber, p. 455. Paris, 1886. 4e édition.