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XX
INTRODUCTION

existent et sont l’une relativement à l’autre comme sont la gauche et la droite ; point de gauche sans droite, point de droite sans gauche. En tout cas, ni le matérialisme ni l’idéalisme subjectif ne sont un système parfait.

Il faut donc établir un système qui admette l’essence des deux éléments : la matière et la pensée. Qu’est-ce que cette essence ? Nous l’avons déjà nommée, c’est la Bhûtha-tathâtâ. Comme nous l’avons dit plus haut, elle n’est ni la matière ni la pensée, ou bien elle est l’une et l’autre à la fois. C’est tout à fait l’essence absolue de la nature elle-même ; cependant cette nature est absolument inhérente à la matière et à la pensée. Il suit de là que le système est considéré comme le Chemin-Milieu.

On sait que les recherches philosophiques sur les deux éléments de la matière et de l’esprit aboutissent à un principe primordial unique, mais les savants n’ont pas encore résolu cette question-ci : Comment ce principe a-t-il donné naissance à ces deux éléments, et quel rapport y a-t-il entre eux ? On vient de voir que le Bouddhisme a réellement trouvé le mot de cette énigme difficile. Voici comment il l’a déchiffrée. La Bhûta-tathâtâ peut s’entendre à la fois de trois façons : comme l’essence, la force, le mode ou phénomène. Elle est essence en tant que ce qui agit en soi et est conçu par soi ; force, en tant que ce qui agit sur la matière et sur l’esprit ; elle est mode, parce qu’elle est dans toute chose et conçue