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ten-daï-shû

vue absolu, elles ne font pas une pluralité comme un, deux, trois ; au point de vue relatif, elles font une pluralité comme un, deux et trois ; on appelle ces trois formes inséparablement combinées réalité. Les Bouddhas seuls comprennent cette raison. Pour mieux saisir cette explication, employons une comparaison : supposons que nous fassions produire un effet par une cause dans le rêve ; par exemple, nous sommes punis pour avoir commis un crime, ou récompensés d’une bonne action. Quoique le fait développé dans le rêve semble évident et manifeste, il n’a qu’une existence relative. À la vérité, on ne peut le saisir : c’est là le vide. Mais la nature de la pensée dans le rêve n’est ni le vide ni l’existence, ce n’est donc qu’une forme moyenne. On peut dire, par conséquent, que les trois formes de la vérité existent en même temps et ne sont ni unité ni pluralité.

Il y a encore deux termes techniques : réfutation réciproque (So-hi), conciliation réciproque (So-shô). 1o Le vide et l’existence se réfutent réciproquement, de même que la forme moyenne les réfute l’un et l’autre. 2o Bien que ces trois formes de la vérité se réfutent réciproquement, chacune d’elles ne disparaît pas ; il n’y a donc rien à réfuter ni à saisir ; c’est ce qu’on appelle « l’état inconcevable des trois vérités inséparablement combinées ».

Comme les êtres ignorants ne comprennent pas la raison des trois formes de la vérité, ils tournent éternellement dans l’océan des transmigrations (Saṃsâra).