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LES STRATAGÈMES. LIV. I.

bles quand on les prend en masse, elles seront bientôt affaiblies et taillées en pièces, si elles sont attaquées séparément. »

2. Ce même chef, à qui les soldats demandaient inconsidérément le combat, craignant qu’ils n’enfreignissent ses ordres, s’il refusait plus longtemps, permit, à un détachement de cavalerie d’aller attaquer l’ennemi ; et, quand il vit cette troupe plier, il en envoya successivement d’autres pour la soutenir, puis il les fit rentrer toutes dans le camp. Alors il montra à l’armée entière, sans avoir essuyé de perte, quel pouvait être le résultat de la bataille qu’elle avait demandée. Elle eut désormais pour lui la plus grande soumission.

3. Agésilas, roi de Lacédémone, dont le camp était placé sur le bord d’une rivière, en face de celui des Thébains, s’étant aperçu que l’armée ennemie était beaucoup plus nombreuse que la sienne, et voulant ôter à ses soldats le désir de livrer bataille, leur annonça que les réponses des dieux lui ordonnaient de combattre sur les hauteurs. Alors il laissa une faible troupe vers le fleuve, et gagna la colline. Les Thébains, prenant cette manœuvre pour un effet de la crainte, traversent la rivière, mettent facilement en fuite ceux qui en défendaient le passage ; mais, s’étant élancés avec trop d’ardeur vers le reste de l’armée, ils ont le désavantage du terrain, et sont défaits par des troupes inférieures en nombre.

4. Scorylon, général des Daces, sachant bien qu’une guerre civile divisait les Romains, mais ne jugeant pas à propos de les attaquer, parce qu’une guerre étrangère pouvait rétablir la concorde entre les citoyens, mit aux prises deux chiens en présence de ses compatriotes ; et, tandis que ces animaux se battaient avec le plus d’acharnement, il leur montra un loup, sur lequel ils se jetè-