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LES STRATAGÈMES. LIV. I.

VI. Des embuscades dressées dans les marches.

1. Fulvius Nobilior, conduisant son armée du Samnium dans la Lucanie, et apprenant par des déserteurs que l’ennemi devait attaquer son arrière-garde, donna l’ordre à sa meilleure légion de marcher en tête, et plaça en queue les équipages. L’ennemi, profitant de cette disposition comme d’une occasion favorable, se jeta sur le bagage. Alors Fulvius rangea à sa droite cinq cohortes de la légion dont on vient de parler, et les cinq autres à sa gauche ; puis, étendant ses deux lignes du côté de l’ennemi, que le pillage occupait, il l’enveloppa et le tailla en pièces.

2. Le même Fulvius, vivement pressé par l’ennemi dans une marche, et rencontrant une rivière qui était trop peu considérable pour lui fermer le passage, mais assez rapide pour le retarder, embusqua en deçà une de ses deux légions, afin que les ennemis, ne craignant pas le petit nombre des soldats qu’ils verraient, le poursuivissent avec plus de témérité. Le fait ayant répondu à son attente, la légion qu’il avait postée sortit du lieu de l’embuscade, fondit sur eux, et les mit en déroute.

3. Iphicrate marchait vers la Thrace, forcé par la nature des lieux d’étendre son armée en longueur, lorsqu’il apprit que l’ennemi avait dessein d’attaquer son arrière-garde. Il ordonna à ses cohortes d’ouvrir leurs rangs en appuyant de chaque côté du chemin, et de s’arrêter ; et aux autres troupes, de hâter le pas comme dans une fuite. À mesure qu’elles défilaient devant lui, il retenait les hommes d’élite ; et quand il vit les ennemis pêle-mêle, échauffés au pillage, et déjà fatigués, il fondit sur eux avec ses soldats reposés et en bon ordre, les tailla en pièces, et leur enleva le butin.

4. Sur le passage de l’armée romaine, qui devait traverser la forêt Litana, les Boïens avaient scié les arbres

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