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LES STRATAGÈMES. LIV. I.

culté que le terrain lui avait présentée à lui-même, Iphicrate, avec une partie des siens, les chargea en queue et les tailla en pièces, tandis que le reste de son armée s’emparait de leur camp.

25. Darius, pour cacher sa retraite aux Scythes, laissa des chiens et des ânes dans son camp. Les ennemis, entendant aboyer et braire ces animaux, ne se doutèrent point du départ de Darius.

26. Les Liguriens employèrent un moyen analogue pour tromper la vigilance des Romains : ils attachèrent à des arbres, en différents endroits de leur camp, de jeunes bœufs qui, ainsi séparés les uns des autres, redoublèrent leurs mugissements, et firent croire par là que l’armée était toujours présente.

27. Hannon, cerné par des troupes ennemies, amoncela sur le lieu par où il pouvait le plus facilement s’échapper, une grande quantité de menu bois auquel il mit le feu. Les ennemis ayant abandonné cette position pour aller garder les autres issues, il fit passer ses soldats à travers les flammes, après leur avoir recommandé de se couvrir le visage avec leurs boucliers, et les jambes avec des vêtements.

28. Annibal, voulant sortir d’un lieu désavantageux où il était menacé de la disette, et serré de près par Fabius Maximus, chassa de côté et d’autre, pendant la nuit, des bœufs aux cornes desquels il avait attaché des faisceaux de sarment, qui furent allumés. Ces animaux, effrayés par la flamme que leurs mouvements excitaient encore, se répandirent au loin sur les montagnes, et firent paraître en feu tous les lieux qu’ils parcouraient. Les soldats romains, qui étaient venus en observation, crurent d’abord que c’était un prodige ; mais quand Fabius fut informé de la réalité, il craignit que ce ne fût un piége, et retint ses troupes dans le camp : alors les barbares s’échappèrent de ce lieu sans rencontrer aucun obstacle.