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LES STRATAGÈMES. LIV. I.

20. Spartacus, que M. Crassus tenait enfermé par un fossé, fit tuer des prisonniers et des bestiaux, combla le fossé avec leurs corps, pendant la nuit, et passa par-dessus.

21. Ce même chef, assiégé sur le Vésuve, fit des liens de vigne sauvage, à l’aide desquels il descendit la montagne du côté le plus escarpé, et par cela même le moins gardé ; et non-seulement il s’échappa, mais encore il alla par un autre côté jeter une telle épouvante dans l’armée de Clodius, que plusieurs cohortes plièrent devant soixante-quatorze gladiateurs.

22. Le même Spartacus, enveloppé par l’armée du proconsul P. Varinius, planta devant la porte de son camp, et à de faibles intervalles les uns des autres, des pieux auxquels furent attachés des cadavres vêtus et armés, qu’on devait prendre de loin pour un avant-poste, et alluma des feux dans toute l’étendue du camp. Ayant trompé l’ennemi par cette fausse apparence, il emmena ses troupes pendant le silence de la nuit.

23. Brasidas, général lacédémonien, surpris dans les environs d’Amphipolis par les Athéniens, qui lui étaient supérieurs en nombre, se laissa entourer, afin que les rangs de l’ennemi s’affaiblissent en formant une longue enceinte, et s’ouvrit un passage par l’endroit le plus éclairci.

24. Iphicrate, dans une expédition en Thrace, ayant établi son camp dans un lieu bas, et s’étant aperçu que les ennemis occupaient une hauteur voisine, d’où ils ne pouvaient descendre que par un seul passage pour le surprendre, laissa dans le camp pendant la nuit quelques soldats auxquels il donna l’ordre d’allumer un grand nombre de feux ; et son armée, qu’il avait fait sortir, s’étant postée de chaque côté de cette issue, laissa passer les barbares. Puis, tournant contre ceux-ci la diffi-