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DES AQUEDUCS.

les bains, et les ateliers de foulons, qui exigeaient sans cesse une grande quantité d’eau.

10. Muneribus. Les spectacles, ou jeux, dont parle Frontin étaient principalement les naumachies, nom qui devint commun à ces batailles navales et aux lacs creusés exprès sur lesquels on les donnait.

11. Lacubus. Le manuscrit du Mont-Cassin porte lacibus toutes les fois que ce mot se représente au même cas, et l’édition de Wesel (1841) adopte cette terminaison ; cependant les plus savants latinistes ne reconnaissent que l’autre forme.

Ces bassins étaient des réservoirs destinés à une foule d’usages : on y prenait de l’eau pour les divers ateliers ou fabriques, pour abreuver les chevaux et le bétail, éteindre les incendies, etc. On les avait prodigieusement multipliés au temps des empereurs : il y a des savants qui en portent le nombre à plus de neuf cents. Au dire de Pline le Naturaliste (liv. xxxvi, ch. 24), Agrippa en établit à lui seul sept cents pendant son édilité ; en outre, cent six fontaines jaillissantes, cent trente châteaux d’eau, la plupart magnifiquement ornés, et surmontés de trois cents statues de marbre ou d’airain, et de quatre cents colonnes de marbre.

12. Nomine Cæsaris. L’eau accordée à ce titre était mise à la disposition de l’empereur, et réservée à certains usages et à des lieux désignés par le prince. Nomine Cæsaris équivaut donc à Cæsari.

13. Ab urbe condita per annos ccccxxxxi. D’après ce passage et les chapitres suivants de Frontin, il n’y aurait point eu d’aqueducs à Rome jusqu’à l’an 441 ; et suivant Pline (liv. xxxi, ch. 24), l’eau Marcia aurait été amenée par le roi Ancus Marcius. Poleni pense qu’il faut s’en rapporter à notre auteur, et Raphaël Fabretti (Dissertationes de aquis et aquæductibus veteris Romæ, c. ccxxxvii) explique, ou du moins cherche à prouver l’erreur de Pline.

14. Fontium memoria cum sanctitate adhuc exstat, et colitur. Le culte des eaux est attesté par plusieurs auteurs. Hésiode compte près de quarante fleuves ou cours d’eau divinisés. Pline dit (liv. xxxi, ch. 2) que leur nom a grossi la liste des dieux ; enfin Tacite (Annales, liv. xiv, ch. 22) rend compte en ces termes d’une profanation de Néron : « Un désir d’une recherche outrée valut à Néron péril et déshonneur ; il alla nager dans la fontaine Marcia, dont les eaux sont conduites à Rome ; on pensa qu’en y