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LES STRATAGÈMES. LIV. I.

leur donnant du vin, et leur ordonna de suivre l’extrémité même du rivage, en passant à la nage les endroits impraticables. Au moyen de cette ruse, il fondit à l’improviste, et par derrière, sur les troupes qui gardaient ce défilé.

8. Cn. Pompée, ne pouvant traverser un fleuve dont l’autre rive était gardée par l’ennemi, faisait continuellement sortir ses troupes du camp, et les y ramenait ; quand il eut par là persuadé aux ennemis qu’ils n’avaient aucun mouvement à faire à l’approche des Romains, il s’élança tout à coup vers le fleuve et le traversa.

9. Alexandre le Grand, arrêté par Porus, qui lui disputait le passage de l’Hydaspe, donna l’ordre à une partie de ses troupes de se porter sans cesse vers le fleuve ; et lorsqu’il eut réussi, par cette manœuvre, à fixer les craintes de Porus sur ce point de la rive opposée, il fit subitement passer son armée plus haut.

Empêché par l’ennemi de traverser l’Indus, Alexandre fit entrer sa cavalerie en différents endroits du fleuve, comme pour forcer le passage ; et pendant qu’il tenait les barbares dans cette attente, il fit passer dans une île peu éloignée un détachement faible d’abord, mais qui, bientôt renforcé, gagna de là l’autre rive. À la vue de cette troupe, tous les ennemis s’élancèrent à la fois pour l’anéantir ; Alexandre eut alors le gué libre, passa le fleuve, et réunit toute son armée.

10. Xénophon, voyant que les Arméniens occupaient l’autre rive d’un fleuve qu’il devait traverser, fit chercher deux gués ; et, se voyant repoussé de celui du dessous, il gagna le gué supérieur. Également chassé de celui-ci, où l’ennemi était accouru, il revint au gué