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DES AQUEDUCS.

tuyaux. Cette faveur n’est accordée par le prince qu’avec la plus grande réserve ; et cependant elle est pour les fontainiers un sujet de fraudes qu’il est très-important de réprimer, comme on le voit par l’extrait suivant des ordonnances :

111. « Je fais défense à tout citoyen de s’emparer de l’eau tombante, à moins qu’il n’y ait été autorisé par moi, ou par les princes mes prédécesseurs : car il est nécessaire qu’une partie de l’eau déborde des réservoirs, tant pour maintenir la salubrité dans notre ville, que pour servir à nettoyer les cloaques. »

112. Après les détails que j’ai donnés sur l’administration des eaux, en ce qui concerne les usages privés, il n’est pas inutile de signaler, comme exemples, quelques-uns des moyens que nous avons vu mettre en œuvre pour éluder les règlements les plus sages. J’ai trouvé dans la plupart des châteaux d’eau des calices d’un diamètre plus grand que la mesure accordée, quelques-uns même qui n’étaient point marqués. Or, tout calice marqué qui excède la mesure légitime, atteste les vues intéressées de l’agent qui l’a étalonné ; et, quand le calice n’est pas même marqué, il y a fraude manifeste de la part de tous, en premier lieu de celui qui reçoit trop d’eau, et ensuite de la part du fermier. Dans certains châteaux d’eau, à des calices qui portaient la marque d’une mesure légitime, on avait immédiatement adapté des tuyaux d’un diamètre plus grand : d’où il résultait que l’eau, n’étant pas resserrée dans la longueur voulue, mais seulement pressée dans un court espace, remplissait facilement le tuyau plus large qui touchait au calice. Il faut donc, toutes les fois que l’on étalonne un calice, pousser la précaution jusqu’à marquer aussi les tuyaux, dans la longueur prescrite par le sénatus-consulte que nous avons cité : car, s’il en est