Page:Frontin - Les Stratagèmes - Aqueducs de la ville de Rome, trad Bailly, 1848.djvu/443

Cette page a été validée par deux contributeurs.
441
DES AQUEDUCS.

situé au-dessus de la maison de campagne de Néron, à Sublaqueum, où l’eau est très-claire. L’Anio prend sa source au-dessus de Treba Augusta, et, soit parce qu’il descend de montagnes pierreuses, ne rencontrant, même autour de cette ville, que peu de terres cultivées ; soit qu’il décharge son limon dans ce lac profond, où il se jette, ombragé par les forêts élevées et épaisses qu’il traverse, il arrive en cet endroit avec des eaux très-fraîches et très-limpides. Telle est l’heureuse acquisition d’une eau qui aura toutes les qualités de la Marcia, avec une plus grande abondance, et qui remplacera l’eau sale et bourbeuse dont nous avons parlé. Une inscription désigne comme auteur de cette amélioration, César Nerva Trajan Auguste.

94. Je vais maintenant faire connaître les lois concernant la conduite et l’administration des eaux : les unes ont pour but de retenir les particuliers dans la juste mesure des concessions qu’ils ont obtenues ; les autres regardent la conservation des aqueducs. En faisant des recherches sur les anciennes lois relatives à chacun de ces deux objets, j’ai trouvé que nos ancêtres avaient sur certains points une jurisprudence différente de la nôtre. Autrefois on ne distribuait de l’eau que pour les usages publics ; et il y avait une défense ainsi conçue : « Que personne ne détourne d’autre eau que celle qui sort du réservoir, et tombe à terre » (tels sont les termes de la loi), c’est-à-dire le trop-plein du réservoir, l’eau que nous appelons perdue : encore cette eau n’était-elle accordée que pour les bains et les foulons ; et la concession était frappée d’un impôt qu’on versait dans le trésor public. Si l’on en donnait aux maisons des premiers de la ville, c’était du consentement des autres citoyens.

95. À quel magistrat appartenait le droit de donner ou de vendre l’eau ? c’est un point sur lequel les lois