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DES AQUEDUCS.

avaient fait donner anciennement une si triste renommée, ont disparu. Je n’ignore pas que je devrais joindre à cet ouvrage le règlement de la nouvelle distribution ; mais, comme j’ai subordonné ce règlement à l’augmentation que recevront les eaux, on comprendra que je ne puis le faire connaître qu’après le complet achèvement de mon travail.

89. Que dirai-je si l’empereur, mû par un zèle dont il donne tant de preuves à ses concitoyens, a pensé qu’il n’avait pas assez fait pour nos besoins et nos plaisirs, en amenant à Rome une si grande quantité d’eau, et s’il veut encore rendre cette eau plus pure et plus agréable ? Il n’est pas sans intérêt de passer en revue tous les travaux par lesquels ce prince, en remédiant aux défectuosités de quelques-unes des eaux, a augmenté l’utilité de toutes. Ainsi, notre ville n’a-t-elle pas eu de tout temps, après les moindres pluies, des eaux troubles et bourbeuses ? Cependant toutes n’ont pas cet inconvénient dès leur point de départ ; et celles qu’on prend à leurs sources ne devraient pas s’en ressentir, notamment la Marcia, la Claudia, ainsi que d’autres, dont la limpidité, parfaite à l’origine, ne peut nullement être altérée par l’effet de la pluie, si l’on établit des soupiraux sur leurs conduites.

90. Les deux cours d’eau dérivés de l’Anio conservent moins que les autres leur pureté ; souvent même la rivière d’où ils viennent se trouble en temps serein : car, bien qu’elle sorte d’un lac très-clair, elle coule ensuite entre des rives de terre légère, dont les éboulements fournissent à ses eaux de quoi se troubler avant d’entrer dans les aqueducs. C’est une chose fâcheuse qui se reproduit non-seulement après les pluies de l’hiver et du printemps, mais même après celles de l’été, dans la saison où l’agrément et même la nécessité d’avoir de