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LES STRATAGÈMES. LIV. I.

moniens, qui leur avaient enlevé le château de Décélie, et s’y étaient fortifiés, envoyèrent une flotte pour ravager le Péloponnèse, et réussirent à faire rappeler l’armée lacédémonienne qui était à Décélie.

10. L’empereur César Domitien Auguste, voyant que du sein des bois et de retraites cachées, les Germains, par une tactique qu’ils avaient adoptée, venaient fréquemment assaillir nos troupes, et trouvaient ensuite un refuge assuré dans la profondeur de leurs forêts, recula de cent vingt milles les limites de l’empire ; par là, non-seulement il changea la situation de la guerre, mais il réduisit sous sa puissance ces ennemis, dont les retraites furent mises à découvert.


IV. Faire passer son armée à travers des lieux occupés par l’ennemi.

1. Pendant que le consul Émilius Paullus conduisait son armée en Lucanie, par un chemin resserré le long du rivage, la flotte des Tarentins, qui s’était mise en embuscade, lui lançait des flèches empoisonnées : il couvrit le flanc de sa troupe avec des prisonniers, et l’ennemi, craignant de les atteindre, cessa de tirer.

2. Agésilas, roi de Lacédémone, revenant de Phrygie chargé de butin, et poursuivi par les ennemis, qui le harcelaient partout où le terrain leur donnait l’avantage, étendit de chaque côté de ses troupes une file de prisonniers ; et les ennemis, en épargnant ceux-ci, donnèrent aux Lacédémoniens le temps de s’éloigner.

3. Le même roi, ayant à franchir un défilé qu’il trouva occupé par les Thébains, changea de route, et feignit de se diriger sur Thèbes. Les ennemis, effrayés, étant accourus à la défense de leur ville, Agésilas reprit le chemin