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DES AQUEDUCS.

16. Comment comparer à ces constructions si nombreuses et si vastes, exigées par cette immense quantité d’eau, les Pyramides, évidemment inutiles, ou les ouvrages oiseux et trop vantés des Grecs ?

17. Il ne m’a point paru hors de propos d’indiquer la longueur de chacun des aqueducs, en observant celle des diverses espèces d’ouvrages qui leur appartiennent : car, mon administration ayant pour objet principal la conservation de ces canaux, il faut que celui à qui elle est confiée sache quelles sont les parties qui nécessitent les plus grandes dépenses. Nous n’avons pas borné nos soins à visiter nous-même tous les aqueducs ; nous en avons fait faire des dessins, où l’on voit les vallées avec leur profondeur, et les rivières que ces canaux traversent, ainsi que les montagnes aux flancs desquelles sont appliqués ceux-là même dont l’entretien et les réparations exigent la surveillance la plus active. À l’aide de ces dessins nous pouvons, pour ainsi dire, voir les objets eux-mêmes, et délibérer sur ce qu’il convient de faire, comme si nous étions sur les lieux.

18. Toutes les eaux arrivent dans Rome à des hauteurs différentes : il en résulte que quelques-unes alimentent des lieux élevés, et que d’autres ne peuvent atteindre certaines éminences, telles que les collines, que les décombres provenant de fréquents incendies ont encore exhaussées. Cinq de ces eaux ont un niveau assez élevé pour se répandre dans toutes les parties de la ville ; mais elles ne sont pas poussées par une égale force de pression. La plus haute est le Nouvel Anio, ensuite la Claudia, en troisième ordre la Julia, en quatrième la Tepula, et en dernier lieu la Marcia, dont la source est cependant aussi élevée que celle de la Claudia ; mais les anciens Romains lui ont laissé, en l’amenant, peu d’élévation, soit qu’ils ne connussent pas encore l’art de niveler avec précision, soit parce

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