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DES AQUEDUCS.

4. Jusqu’à l’an 441 de la fondation de leur ville, les Romains se contentèrent, pour leur usage, des eaux qu’ils tiraient du Tibre, des puits ou des sources. Ces dernières sont encore pour eux un objet de vénération et de culte : car on croit, comme le remarque C. Ammaranius Apollinaris, qu’elles rendent la santé aux malades. Les eaux qui arrivent maintenant à Rome sont l’Appia, l’Anio Ancien, la Marcia, la Tepula, la Julia, la Virgo, l’Alsietina, appelée aussi Augusta, la Claudia, et l’Anio Nouveau.

5. Sous le consulat de M. Valerius Maximus et de P. Decius Mus, 31 ans après le commencement de la guerre des Samnites, l’eau Appia fut amenée à Rome par le censeur Appius Claudius Crassus, depuis surnommé Cécus, qui fit aussi construire la voie Appienne depuis la porte Capène jusqu’à la ville de Capoue. Il eut pour collègue C. Plautius, qui, pour avoir recherché les veines de cette eau, reçut le surnom de Venox. Mais celui-ci abdiqua la censure au bout de dix-huit mois, trompé par son collègue, qui avait promis d’en faire autant, et Appius eut seul l’honneur de donner son nom à cette eau ; on dit même qu’il prolongea sa censure, à force de subterfuges, jusqu’à l’entier achèvement de la route et de l’aqueduc. L’eau Appia est prise dans la terre de Lucullus, entre le septième et le huitième milliaire de la route de Préneste, à l’extrémité d’un détour de 780 pas sur la gauche. Depuis sa source jusqu’aux Salines, lieu voisin de la porte Trigémine, son parcours est de 11 190 pas, dont 11 130 en canaux souterrains, et 60 tant sur des substructions que sur des arcades, jusqu’à la porte Capène. Près de la Vieille Espérance, sur la limite des jardins Torquatiens…, elle reçoit un embranchement de l’eau Augusta, qui lui fut donné comme un complément par

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