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LES STRATAGÈMES. LIV. IV.

6. Q. Sertorius, sachant par expérience qu’il ne pouvait résister aux forces réunies des Romains, et voulant le prouver aux barbares ses alliés, qui demandaient témérairement le combat, fit amener en leur présence deux chevaux, l’un plein de vigueur, l’autre extrêmement faible, auprès desquels il plaça deux jeunes gens qui offraient le même contraste, l’un robuste, l’autre chétif ; et il ordonna au premier d’arracher d’un seul coup la queue entière du cheval faible, au second de tirer un à un les crins du cheval vigoureux. Le jeune homme chétif s’étant acquitté de sa tâche, tandis que l’autre luttait inutilement avec la queue du cheval faible : « Soldats, s’écria Sertorius, je vous ai montré, par cet exemple, ce que sont les légions romaines : invincibles quand on les prend en masse, elles seront bientôt affaiblies et taillées en pièces, si elles sont attaquées séparément. »

7. Le consul Valerius Lévinus, qui avait une grande confiance en ses troupes, ordonna de promener dans son camp un espion que l’on y avait surpris ; et, pour intimider les ennemis, il déclara qu’il leur permettait de faire observer son armée par leurs espions toutes les fois qu’ils le voudraient.

8. Le primipile Célius, qui, après la défaite de Varus, en Germanie, servit de général à notre armée investie par les barbares, craignait que ceux-ci n’approchassent de ses retranchements du bois qu’ils avaient amassé, et n’incendiassent son camp. Il feignit de manquer de bois lui-même, et, envoyant de tous côtés des soldats pour en enlever, il réussit à faire éloigner de là, par les Germains, tous les troncs d’arbres qu’ils y avaient réunis.

9. Dans un combat naval, Cn. Scipion lança sur les vaisseaux ennemis des vases remplis de poix et de ré-