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LES STRATAGÈMES. LIV. IV.

10. Antigone, informé que son fils s’était logé chez une femme qui avait trois filles d’une grande beauté, lui dit : « J’apprends, mon fils, que vous êtes à l’étroit dans une maison habitée par plusieurs maîtres ; prenez un logement plus spacieux. » Et quand il l’eut fait sortir, il défendit à quiconque aurait moins de cinquante ans, de loger chez une mère de famille.

11. Le consul Q. Metellus, qu’aucune loi n’empêchait de conserver toujours son fils auprès de lui, aima mieux cependant qu’il s’acquittât de son service comme soldat.

12. Le consul P. Rutilius, à qui les lois permettaient d’avoir son fils attaché à sa personne, le fit soldat dans une légion.

13. M. Scaurus, apprenant que son fils avait lâché pied devant l’ennemi, dans la forêt de Trente, lui défendit de venir en sa présence. Le jeune homme, ne pouvant supporter cet affront, se donna la mort.

14. Autrefois les Romains, comme les autres nations, campaient par cohortes, et formaient çà et là des espèces de hameaux, les villes alors étant seules fortifiées. Pyrrhus, roi d’Épire, fut le premier qui enferma une armée entière dans une même enceinte retranchée. Les Romains ayant défait ce prince dans les plaines Arusiennes, près de Bénévent, s’emparèrent de son camp, dont ils étudièrent la disposition, et en vinrent peu à peu à cet art de camper qu’ils pratiquent aujourd’hui.

15. P. Scipion Nasica, n’ayant pas besoin de vaisseaux, occupa cependant ses soldats à en construire pendant un quartier d’hiver, craignant que l’inaction ne les perdît, et que, dans la licence qui accompagne l’oisiveté, ils ne fissent quelque injure aux alliés.