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LES STRATAGÈMES. LIV. IV.

était trop élégamment paré, qu’il n’était pas surpris de voir qu’il eût orné avec tant de soin une arme sur laquelle il comptait plus que sur son épée.

6. Philippe, dès la première organisation de son armée, supprima l’usage des chariots, et n’accorda qu’un valet à chaque cavalier, et un à dix fantassins, pour porter les cordes des tentes et les meules à blé. Quand on entrait en campagne, il faisait porter à chaque soldat de la farine pour trente jours.

7. C. Marius, voulant retrancher les équipages, qui ne sont pour l’armée qu’un très-grand embarras, fit mettre en paquets, et attacher sur des fourches, le bagage et les vivres des soldats, qui avaient ainsi un fardeau facile à porter, et dont ils pouvaient aisément se décharger : de là vient le proverbe des mulets de Marius.

8. Lorsque Théagène, général athénien, marchait contre Mégare, les soldats lui ayant demandé leurs rangs, il répondit qu’il les leur donnerait près de la ville ; puis il envoya secrètement en avant ses cavaliers, avec ordre de retourner ensuite et de s’avancer, comme des ennemis, contre leurs compagnons. Pendant que cet ordre s’exécutait, il avertit les soldats de se préparer à soutenir l’attaque, et permit d’établir l’ordre de bataille de telle manière que chacun prît la place qu’il voudrait. Les plus lâches s’étant aussitôt portés en arrière, tandis que les plus braves étaient accourus aux premiers rangs, il voulut que chacun gardât dans les lignes la place où il se trouvait alors.

9. Lysandre, général lacédémonien, faisant châtier un soldat qui s’était écarté de la route, celui-ci lui affirma que ce n’était point pour piller qu’il s’était éloigné de l’armée : « Je ne veux pas même, répondit Lysandre, que l’on puisse le soupçonner. »

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