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LES STRATAGÈMES. LIV. III.

fait donner des soins, et l’avait renvoyé dans sa patrie. N’osant pas le mettre à mort, de peur que son supplice n’irritât les habitants de Nole, il le fit venir près de lui, et lui dit qu’il était un soldat excellent ; que jusqu’alors il ne l’avait pas connu ; et, après l’avoir engagé à rester dans son armée, il lui fit présent d’un cheval. Ce bienfait lui assura la fidélité non-seulement de Bantius, mais encore de tous ceux de la ville sur lesquels celui-ci avait de l’influence.

2. Amilcar, général des Carthaginois, voyant les nombreuses désertions de ses auxiliaires gaulois, qui passaient du côté des Romains, où, à cause de la fréquence même du fait, ils étaient reçus comme des alliés, engagea ceux qui lui étaient le plus fidèles à simuler une désertion. Ils le firent, et taillèrent en pièces les Romains qui s’étaient avancés pour les recevoir. Cet artifice, outre le succès qu’il valut alors aux Carthaginois, fut cause que, dans la suite, les véritables transfuges furent suspects aux Romains.

3. Hannon, commandant en Sicile l’armée carthaginoise, apprit que des Gaulois mercenaires, au nombre de quatre mille environ, s’étaient entendus pour passer du côté des Romains, parce qu’ils n’avaient pas reçu leur solde de quelques mois. N’osant sévir contre eux, dans la crainte d’une révolte, il promit de les indemniser généreusement du retard dont ils souffraient. Les Gaulois le remercièrent de cette assurance ; et pendant le délai qu’il avait fixé pour l’exécution de ses promesses, il envoya dans le camp du consul Otacilius son trésorier, homme d’une fidélité éprouvée, qui, feignant d’avoir déserté pour quelque désordre dans ses comptes, annonça que quatre mille Gaulois devaient être envoyés au fourrage la nuit suivante, et qu’il serait facile de les surprendre. Otacilius, qui ne voulait ni se fier tout