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LES STRATAGÈMES. LIV. III.

d’Agrigente, ville bien fortifiée, demanda aux habitants une assemblée générale, comme pour y traiter d’affaires qui intéressaient les deux parties belligérantes, et les harangua longtemps au théâtre, où, selon l’usage des Grecs, avaient lieu les réunions de ce genre. Tandis que, sous prétexte de délibération, il retenait la multitude, les Athéniens, apostés à cet effet, s’emparèrent de la ville, qui n’était point gardée.

7. Épaminondas, général thébain, ayant vu pendant un jour de fête, en Arcadie, les femmes d’une ville ennemie se répandre confusément hors des murs, envoya parmi elles un grand nombre de ses soldats, qui avaient pris des habits de femmes, et qui, à l’aide de ce déguisement, entrèrent dans la ville à nuit tombante, s’en rendirent maîtres, et ouvrirent les portes à leurs compagnons.

8. Aristippe de Lacédémone, un jour que les Tégéates étaient sortis en foule de leur ville pour célébrer une fête de Minerve, chargea des bêtes de somme de sacs à blé remplis de paille, et les fit conduire par des soldats qui, ayant l’air de marchands, entrèrent dans la ville sans être observés, et ouvrirent les portes aux Lacédémoniens.

9. Antiochus, assiégeant le château de Suenda, en Cappadoce, s’empara des bêtes de charge sorties pour aller à la provision, tua les valets qui les conduisaient, et revêtit de leurs habits des soldats qu’il envoya à leur place comme ramenant du blé. Leur costume ayant trompé les gardes, ils pénétrèrent dans le château et y firent entrer l’armée d’Antiochus.

10. Les Thébains, ne pouvant s’emparer de vive force du port de Sicyone, remplirent de soldats armés un vaisseau sur lequel ils étalèrent des marchandises, comme sur un navire de commerce, afin de tromper