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LES STRATAGÈMES. LIV. III.

Ligurie, défendue non-seulement par sa position naturelle et par ses ouvrages de fortification, mais encore par une garnison excellente, menait souvent ses troupes autour des murs de la place, et les faisait ensuite rentrer au camp. Cette manœuvre habituelle fît croire aux assiégés que ce n’était, de la part des Romains, qu’un simple exercice, et leur ôta toute crainte d’une tentative. Mais, changeant tout à coup sa promenade en attaque, Domitius escalada les remparts et força les habitants à se rendre.

2. Le consul. C. Duilius, en conduisant souvent à la manœuvre ses soldats et ses rameurs, réussit à n’inspirer aux Carthaginois aucune méfiance à l’égard de ses exercices jusque-là inoffensifs ; et, s’approchant tout à coup avec sa flotte, il se rendit maître de la place.

3. Annibal s’empara de plusieurs villes d’Italie après y avoir envoyé, sous le costume romain, quelques-uns des siens qui, pendant de longues guerres en ce pays, avaient appris la langue latine.

4. Les Arcadiens, assiégeant un château de Messénie, se fabriquèrent des armes semblables à celles des ennemis ; et, dans le temps où ils savaient que la garnison devait être changée, ils prirent le costume des troupes attendues, déguisement qui les fit admettre comme amis, et se rendirent maîtres de la place en exterminant la garnison.

5. Cimon, général athénien, voulant surprendre une ville de Carie, mit le feu pendant la nuit, lorsqu’on s’y attendait le moins, à un temple de Diane vénéré dans ce pays, ainsi qu’à un bois sacré situé hors des remparts ; et, quand les habitants furent sortis en foule pour éteindre l’incendie, Cimon prit la ville, restée sans défenseurs.

6. Alcibiade, général athénien, faisant le siége