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LES STRATAGÈMES. LIV. II.

que sa cavalerie tardait à charger, donna l’ordre de débrider les chevaux, et de les lancer à toutes jambes pour rompre les rangs ennemis.

10. Cossus Cornelius, maître de la cavalerie, en fit autant contre les Fidénates.

11. Dans la guerre des Samnites, le consul M. Atilius opposa des troupes à ceux de ses soldats qui abandonnaient le champ de bataille pour se réfugier dans le camp, et déclara à ceux-ci qu’ils avaient à combattre contre lui-même et les bons citoyens, ou contre l’ennemi. Par ce moyen il les ramena tous au combat.

12. L. Sylla, voyant ses légions lâcher pied devant une armée de Mithridate, commandée par Archelaüs, tira son épée, courut en avant de la première ligne, et, s’adressant aux soldats : « Si l’on vous demande, dit-il, où vous avez laissé votre général, répondez : « Sur le champ de bataille, en Béotie. » Aussitôt l’armée entière, saisie de honte, le suivit.

13. Le divin Jules César, à la bataille de Munda, voyant ses troupes plier, fit emmener son cheval hors de leur vue, et courut à pied se mettre aux premiers rangs. Les soldats, ayant honte d’abandonner leur général, rétablirent le combat.

14. Philippe, craignant que les siens ne pussent soutenir l’attaque impétueuse des Scythes, plaça en arrière sa cavalerie la plus éprouvée, avec ordre de ne pas laisser fuir un seul soldat, et de faire main-basse sur ceux qui s’obstineraient à lâcher pied. Tel fut l’effet de cette injonction, que, les plus lâches aimant mieux être tués par l’ennemi que par leurs camarades, Philippe remporta la victoire.