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LES STRATAGÈMES. LIV. II.

que son collègue vivait, et que lui-même était victorieux à l’autre aile. Par cette audacieuse fermeté, il rendit le courage à son armée, et gagna la bataille.

12. Dans la guerre que Marius fit aux Cimbres et aux Teutons, ses officiers marquèrent l’emplacement du camp avec si peu de prévoyance, que l’eau était au pouvoir des barbares. Comme les soldats en demandaient : « C’est là qu’il faut en prendre, » leur dit Marius, en montrant du doigt la position de l’ennemi. Cette vive réponse suffit pour que les barbares fussent en un instant chassés de leur camp.

13. T. Labienus, après la journée de Pharsale, se réfugia à Dyrrachium avec l’armée vaincue, et là, sans dissimuler l’issue de la bataille, il tempéra le vrai par le faux, en affirmant que la fortune était égale des deux côtés, attendu que César était grièvement blessé. Cette assertion rendit la confiance au reste du parti de Pompée.

14. Pendant que les Étoliens attaquaient la flotte de nos alliés, près d’Ambracie, M. Caton, s’avançant audacieusement avec une seule barque, et sans escorte, se mit à crier et à faire des gestes, comme s’il appelait des vaisseaux romains qui le suivissent. Cette feinte assurance épouvanta les Étoliens, qui croyaient déjà voir approcher ceux auxquels les signaux semblaient s’adresser : craignant d’être défaits par une flotte romaine, ils abandonnèrent leur attaque.


VIII. Rétablir le combat par un acte de fermeté.

1. Dans le combat que le roi Tarquin livra aux Sabins, la tête de l’armée agissant avec peu d’ardeur, Servius Tullius, encore très-jeune, prit une enseigne et la jeta au milieu des ennemis. Les Romains alors se

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