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LES STRATAGÈMES. LIV. II.

fiance, livrèrent leurs épées et leurs boucliers. Ils furent placés à la dernière ligne de l’armée ; mais, aussitôt que l’action fut engagée, ils tirèrent des épées courtes, qu’ils avaient cachées sous leurs cuirasses, prirent les boucliers des morts, et tombèrent sur l’armée romaine.

28. Les Iapydes envoyèrent de même au proconsul P. Licinius des paysans qui feignirent de se rendre à lui. Ayant été reçus, et placés vers les derniers rangs, ils chargèrent en queue les Romains.

29. Scipion l’Africain, ayant devant lui deux camps ennemis, celui de Syphax et celui des Carthaginois, résolut d’attaquer pendant la nuit le premier, qui contenait beaucoup de matières combustibles, et d’y mettre le feu, dans le but de tailler en pièces les Numides à mesure que l’épouvante les ferait sortir de leur camp, et d’amener en même temps dans une embuscade disposée à cet effet, les Carthaginois, qui ne manqueraient pas d’accourir au secours de leurs alliés. Un double succès couronna son entreprise.

30. Mithridate, dont le talent de Lucullus avait souvent triomphé, voulut se défaire de celui-ci par trahison, en subornant un certain Adathante, homme d’une force extraordinaire, qui, passant comme transfuge dans le camp des Romains, devait capter sa confiance et l’assassiner. L’entreprise fut conduite avec courage, mais sans succès. Reçu dans la cavalerie de Lucullus, cet homme fut l’objet d’une secrète surveillance, parce qu’il ne fallait ni se fier tout d’abord à un transfuge, ni en empêcher d’autres de déserter comme lui. Plus tard, lorsque, s’étant signalé par des services dans de fréquentes expéditions, il eut inspiré de la confiance à Lucullus, il choisit le moment où le conseil, congédié, laissait tout le camp dans le repos, et rendait le prétoire plus solitaire. Le hasard sauva Lucullus : car le traître, qui avait ordinairement un