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LES STRATAGÈMES. LIV. II.

sortir son armée. Annibal, venant par un autre côté, s’empara du camp, et de là tombant sur les derrières des Romains, il leur tua huit mille des meilleurs soldats, et leur général lui-même.

22. L’armée romaine ayant été partagée entre Fabius le dictateur, et Minucius, maître de la cavalerie, le premier sachant attendre les occasions, l’autre ne respirant que le combat, Annibal s’établit dans une plaine qui séparait les deux camps ; et, après avoir caché une partie de son infanterie dans des anfractuosités de rochers, il voulut provoquer l’ennemi en envoyant des troupes occuper une éminence voisine. Minucius sortit de ses retranchements pour les charger ; alors, celles qui avaient été embusquées par Annibal, s’élançant tout à coup, auraient détruit l’armée de Minucius, si Fabius, qui s’était aperçu du danger, ne fût arrivé à son secours.

23. Annibal, étant campé près de la Trebia, qui séparait son camp de celui du consul Sempronius Longus, mit en embuscade Magon, avec des troupes d’élite, par un froid très-vif ; puis, afin d’attirer au combat le confiant Sempronius, il envoya des cavaliers numides voltiger près du camp romain, avec ordre de lâcher pied dès notre première charge, et de revenir par des gués qu’ils connaissaient. Le consul s’élança témérairement à leur poursuite ; et ses soldats, encore à jeun, furent, dans cette saison rigoureuse, saisis par le froid en passant la rivière. Bientôt, quand ils furent engourdis, et épuisés de faim, Annibal dirigea sur eux ses troupes, qui avaient pris à dessein leur repas, et s’étaient frottées d’huile auprès du feu. Magon, de son côté, fidèle aux ordres qu’il avait reçus, prit les ennemis en queue et en fit un grand carnage.