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LES STRATAGÈMES. LIV. II.

Celtibériens, feignant de lâcher pied devant la cavalerie romaine, l’amena jusque dans des fondrières et des ravins ; et, tandis qu’il s’échappait lui-même par des chemins solides qu’il connaissait, les Romains, auxquels les lieux étaient inconnus, s’embourbèrent et furent taillés en pièces.

8. Fulvius, commandant une armée romaine contre les Celtibériens, établit son camp à proximité du leur, et ordonna à sa cavalerie de s’avancer jusque sous les retranchements de ces barbares, de les harceler, et de se replier par une retraite simulée. Il renouvela cette provocation pendant quelques jours, et s’aperçut que les Celtibériens, en poursuivant avec ardeur sa cavalerie, laissaient leur camp sans défense. Alors, ayant donné l’ordre à une partie de ses troupes d’exécuter encore la même manœuvre, lui-même, avec ses troupes légères, alla, sans être aperçu, prendre position derrière les ennemis ; et, quand ceux-ci furent sortis comme à l’ordinaire, il accourut soudainement, abattit les palissades abandonnées, et se rendit maître du camp.

9. Une armée de Falisques, plus nombreuse que la nôtre, étant venue camper sur nos frontières, Cn. Fulvius fit mettre le feu par ses soldats à des maisons éloignées de son camp, dans l’espoir que les Falisques, attribuant à quelques-uns des leurs cette dévastation, se disperseraient pour aller au pillage.

10. Alexandre, roi d’Épire, étant en guerre avec les Illyriens, plaça des troupes en embuscade ; puis ayant fait prendre à quelques soldats le costume des ennemis, il leur donna l’ordre de commettre des ravages sur le territoire même de l’Épire. Dès que les Illyriens les aperçurent, ils se répandirent de tous côtés pour faire du butin, avec d’autant plus de sécurité, qu’ils prenaient pour leurs éclaireurs ceux qu’ils voyaient en