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LES STRATAGÈMES. LIV. II.

17. Archelaüs, voulant jeter le désordre dans l’armée de L. Sylla, forma sa première ligne avec des chars armés de faux, la seconde avec la phalange macédonienne, et mit à la troisième les auxiliaires, armés à la manière des Romains, et mêlés à des déserteurs italiens dont la résolution lui inspirait beaucoup de confiance ; enfin les troupes légères furent placées à la réserve. Sa cavalerie, qui était très-nombreuse, se rangea aux deux ailes, pour envelopper l’ennemi. De son côté, Sylla couvrit ses deux flancs de larges fossés, aux extrémités desquels il établit des redoutes, et, par là, réussit à ne pas être cerné par l’ennemi, qui avait plus d’infanterie, et surtout plus de cavalerie que lui. Il disposa son infanterie sur trois lignes, entre lesquelles il ménagea des intervalles pour ses troupes légères et pour sa cavalerie, qu’il avait placée la dernière, afin de pouvoir la lancer selon le besoin. Puis il ordonna à ceux de la seconde ligne de ficher solidement en terre un grand nombre de pieux rapprochés les uns des autres, en deçà desquels devait rentrer, à l’approche des chars, la première ligne des combattants. Enfin, toute l’armée ayant à la fois poussé un grand cri, il commanda aux vélites et aux troupes légères de lancer leurs flèches. Aussitôt les chars de l’ennemi, soit parce qu’ils s’embarrassaient dans les pieux, soit que les chevaux fussent épouvantés par les cris et par les flèches, retournèrent sur eux-mêmes, et rompirent l’ordre de bataille des Macédoniens. Sylla, les voyant plier, fondit sur eux ; mais Archelaüs lui opposa sa cavalerie : alors celle des Romains s’élança, mit l’ennemi en fuite, et acheva la victoire.

18. C. César arrêta de même, à l’aide de pieux, et rendit inutiles les chars à faux des Gaulois.