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LES STRATAGÈMES. LIV. II.

par derrière, donnât dans le visage et dans les yeux des Romains. Admirablement secondé par un désavantage qu’il tournait ainsi contre l’ennemi, il remporta une victoire mémorable.

8. Marius, se disposant à livrer bataille aux Cimbres et aux Teutons le jour qui avait été fixé, fit prendre de la nourriture à ses troupes pour leur donner des forces, et les plaça devant son camp, afin que l’armée ennemie, plutôt que la sienne, se fatiguât en parcourant l’espace qui les séparait. Il mit encore un autre désavantage du côté des Cimbres : d’après la disposition de sa ligne de bataille, les barbares recevaient en face le soleil, le vent et la poussière.

9. Cléomène, roi de Sparte, ayant en tête Hippias, général athénien, qui lui était supérieur en cavalerie, joncha d’arbres coupés la plaine dans laquelle il voulait combattre, et la rendit inaccessible aux chevaux.

10. Les Ibères, surpris par une armée nombreuse, en Afrique, et craignant d’être enveloppés, s’adossèrent à un fleuve qui, en cet endroit, coulait entre des rives élevées. Ainsi défendus d’un côté par le fleuve, étant d’ailleurs les plus braves, ils firent successivement des charges sur les troupes qui s’approchaient le plus, et détruisirent ainsi toute l’armée ennemie.

11. Le Lacédémonien Xanthippe, en choisissant d’autres lieux pour combattre, changea par cela seul la fortune de la première guerre Punique. En effet, étant appelé comme mercenaire à Carthage, où l’on perdait déjà tout espoir, et sachant que les Africains, dont la cavalerie et les éléphants faisaient la principale force, recherchaient les hauteurs, tandis que l’armée romaine, supérieure en infanterie, se tenait en rase campagne, il y conduisit aussi les Carthaginois ; et là, ayant, au moyen