Page:Frontin - Les Stratagèmes - Aqueducs de la ville de Rome, trad Bailly, 1848.djvu/10

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
8
NOTICE SUR FRONTIN

peu de mots, que dans cet autre passage du même écrivain[1] : « Unius ætatis sunt, quae fortiter fiunt ; quæ vero pro utilitate reipublicæ scribuntur, æterna sunt. Idem fecerunt alii complures, sed præcipue Frontinus, divo Trajano ab ejusmodi comprobatus industria. » Élien, dans son épître dédicatoire à l’empereur Adrien, rapporte « qu’il a passé quelques jours à Formies, auprès de Nerva, et que là il s’est entretenu avec Frontin, homme très-versé dans la science des armes, s’appliquant également à la tactique des Grecs et à celle des Romains. » On lit encore quelques lignes plus bas[2] : « L’art d’ordonner les troupes suivant les préceptes tracés par Homère, est le sujet des ouvrages de Stratoclès, d’Hermias, et de Frontin, personnage consulaire de notre temps. »

Pline le Jeune[3], en rendant compte d’un procès important, dit que Frontin était savant jurisconsulte, et qu’il lui demanda des avis : « Adhibui in consilium duos, quos tunc civitas nostra spectatissimos habuit, Cornelium et Frontinum. »

Tant que régna Domitien, alors qu’un homme distingué ne se mettait pas impunément en lumière, Frontin vécut dans la retraite, partageant son temps entre le séjour de Rome et celui d’une villa qu’il possédait à Anxur (Terracine), lieu charmant, si nous en croyons Martial, dont les vers suivants nous apprennent que notre auteur n’était point étranger au culte des muses :

Anxuris aequorei placidos, Frontine, recessus,
Et propius Baias, litoreamque domum,
Et quod inhumanæ Cancro fervente cicadæ
Non novere nemus, flumineosque lacus ;
Dum colui, doctas tecum celebrare vacabat
Pieridas : nunc nos maxima Roma terit.
(Lib. X, epigr. 58.)

Grâce au même poète, nous savons que Frontin a été une seconde fois consul :

De Nomentana vinum sine fæce lagena,
Quæ bis Frontino consule plena fuit.
(Ibid., epigr. 48.)

Poleni conjecture que ce fut sous Nerva, en 850 ; il ne doute même pas que Frontin n’ait obtenu une troisième fois cette dignité, sous Trajan, et alors comme consul ordinaire, l’an 853. Il fonde son opinion sur une dissertation du philologue et mé-

  1. Liv. ii, ch. 3.
  2. Ch. 1.
  3. Liv. v, lett. 1.