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L’HOMME À L’HISPANO

— Ah ! mon Dieu… mourir ? Il faut vivre près de moi. Vous êtes libre et je ne suis pas très prisonnière. Nous arrangerons cela très bien, vous verrez.

Ensemble, ils pensèrent à la promesse de Stéphane et à la journée qui déjà s’annonçait par la déclinaison de la nuit et les premiers frissons de l’aube. Les nègres depuis longtemps s’étaient tus, les lumières étaient presque éteintes : Deléone et sa femme, par plaisanterie, s’en étaient allés sans prévenir. Ils avaient emmené Mme de Jouvre. Seuls, un maître d’hôtel, respectueux et lassé, attendait leur bon plaisir, et Pascaline qui, tranquillement assise, les regardait, de loin, avec gaieté, contente de voir enfin son amie heureuse et faible. Dans la rue du village il n’y avait plus que leurs deux voitures. Ils rirent en même temps avec confusion, et Pascaline, affectueusement, se moqua d’eux. Elle demanda de rentrer seule dans la voiture découverte de Dewalter. Elle insista avec gentillesse pour qu’ils n’eussent point l’air trop vite convaincus. En dépit de la chute prochaine, elle gardait toujours sa déférence pour Stéphane.

Ils partirent. Les deux autos se suivirent dans la nuit finissante. Georges avait pris la main de lady Oswill. Il n’y avait plus aucune pensée en eux que celle d’un bonheur grandissant et leur fatigue nerveuse se résorbait dans la puissante jeunesse de l’aube.