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L’HOMME À L’HISPANO

venu qu’un jour quelque chose en moi s’affirmerait.

Malgré lui, il se passionna ;

— Quoi, quelque chose ?… L’Illusion… je connais ça. Je l’ai écrit. Je l’ai étudié. La nature tend des panneaux. L’amour est un escamoteur : des roses, des colifichets, toutes sortes d’histoires… Mais, quand le tour de passe-passe est fini, c’est toujours le lapin qui sort et le cœur est comme un chasseur qui le voit f… le camp… Vous ne trouverez jamais un homme sincère !… Peut-être, avant, il le croit… Vous n’avez pas le droit, pour vous-même, de revenir bredouille de la battue. Alors, n’y allez pas.

Il baissa le ton et fit un pas vers elle. Avec une douceur feinte, un sourire d’autorité voilée, il dit :

— Je vous empêcherai d’y aller.

Elle se dressa :

— Vous m’empêcherez, vous ?

Elle n’avait pas crié. Mais la voix était telle, et l’intonation hautaine, qu’il comprit qu’il n’empêcherait rien.

Il est de ces minutes où l’homme dépossédé se brise en vain devant la femme qui le rejette. Il sentit la présence obscure de l’inconnu. Avec rage, dans un emportement rapide, il affirma :

— Il n’y a pas d’amour ! Quand vous aurez trouvé l’amour, l’amour vrai, sans chiqué… alors, je vous tirerai mon chapeau.