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L’HOMME À L’HISPANO

Étonnée, elle le regarda sans l’interroger. Il avait pris un visage engageant et, de toutes ses dents courtes, il souriait.

— Je voulais vous prévenir que nous partons demain.

Elle continua à le regarder :

— Comment ?

— Nous partons demain. Nous allons au Maroc.

Comme ne comprenant point, elle demanda :

— Qui ça ?

Il répondit, bonhomme :

— Vous et moi. Nous allons au Maroc, à Tanger. J’ai reçu la lettre tantôt. On me propose des territoires…

Sans y penser, il fit le geste de les saisir. Il était Anglais. Il ajouta :

— Je veux acheter. Nous vivrons quinze jours là-bas.

Elle resta silencieuse quelques secondes. Quand elle fut bien en garde, elle dit avec politesse :

— Je suis désolée, mais vous irez seul au Maroc.

— Pourquoi ?

— Parce que je n’ai pas envie de voyager.

De ses yeux plus aigus, il l’examina. Il faisait un effort pour dissimuler sa surprise et son sourire se rétrécissait.

— Vous n’avez pas envie de voyager ? Moi non plus. Mais c’est une affaire importante,

Elle répondit :