Page:Frondaie - L'Homme à l'Hispano - 1925.djvu/63

Cette page a été validée par deux contributeurs.
52
L’HOMME À L’HISPANO

cable, nul n’aurait pu voir qu’il était gris. Il l’était cependant, mais lucide, et enchanté de savoir que, le lendemain, il devait partir. Déjà ses malles étaient prêtes. Stéphane, courtoisement, lui sourit. Des lèvres, il effleura ses doigts. Ce n’était pas un geste anglais, mais Oswill était joyeux.

Par politesse, elle parut ne pas s’apercevoir de ce baise-main. Pourtant, le moindre contact de son mari la gênait. Il avait un cigare allumé et, sous des apparences polies, il la détaillait avec la désinvolture d’un propriétaire examinant une jument de course.

Il dit :

— Vous maigrissez. Vous buvez trop de thé et pas assez d’alcool. Et puis, vous ne dînez pas assez souvent avec moi.

Elle ne répondit point, indifférente, désireuse de ne pas ajouter une minute inutile à l’entretien.

Il continua :

— Je le regrette… La vue d’une jolie femme me creuse l’estomac. Je mange mieux quand vous êtes là.

Elle resta silencieuse. Alors il cessa les préliminaires :

— Je voulais vous parler.

Elle dit :

— Vous m’auriez vue demain.

— Ce n’était pas assez tôt. Il fallait vous prévenir ce soir.