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L’HOMME À L’HISPANO

Dix jours. » Alors, il dit, — je l’entends toujours : — « Tu es fou de rester à Bordeaux dix jours. Va à Biarritz. Je t’y roule. »

— Je t’y roule ?

— Oui : « Je t’y emmène en voiture ». Et il ajoute : « C’est le ciel qui t’envoie… »

Oswill s’amusait beaucoup :

— Comme dans les mélos ?

— À peu près, oui.

Dewalter s’arrêta de marcher ;

— Ou tout bêtement, comme dans les drames… « C’est le ciel qui t’envoie… » Depuis, j’ai compris : Deléone a acheté l’Hispano à l’usage d’une poule. Il a pris la route jusqu’à Bordeaux pour l’essayer. Et, comme sa femme est à Biarritz, il prend le train à Bordeaux. Il ne veut pas montrer ici la voiture de l’adultère. C’est tout simple.

Oswill se frotta les mains :

— Ça n’a pas l’air… mais c’est tout de même… c’est l’amour normal : trahison, abus de confiance. Alors ?

— Alors, Deléone me voit et pense : « Avec Dewalter, je peux aller jusqu’à Biarritz. Je dirai que l’Hispano est à lui. L’Hispano passera comme une lettre à la poste. » … Il ne m’a raconté son truc qu’au milieu de la lande et quand j’avais déjà accepté, par désœuvrement, par détresse, à cause de ce retard de bateau, de passer ici ma dernière semaine de France.

Oswill jubilait :