Il devenait insinuant. Il sentait l’aventure étonnante. Il mendiait des renseignements.
— Vous ne le répéterez pas ? dit Dewalter avec ironie. Promettez-le-moi.
Mais Oswill reprit, d’un ton net :
— C’est déjà fait. D’ailleurs, je pars moi-même demain.
Voyant qu’il n’obtenait rien, il feignit l’indifférence.
— Taisez-vous, s’il vous plaît.
Mais son œil fouillait Dewalter.
Dewalter haussa les épaules :
— Me taire ? Pourquoi ?… Aujourd’hui encore, je suis si seul…
Il le regarda mieux :
— Et puis, il est si étonnant de vous retrouver…
— Il n’est pas étonnant que, moi, je sois à Biarritz… J’y allais, répondit Oswill.
Dewalter l’interrompit nerveusement :
— Moi je n’y allais pas !
Il s’était mis en marche dans la petite boutique déserte :
— Tenez, tenez, la voici, mon histoire. Vous savez le commencement. Je vous l’ai dit dans le train. Je suis un pauvre bougre qui f… le camp… Et puis mon bateau n’est pas parti : une avarie aux machines. Dix jours de retard : vous auriez pu lire ça dans la Petite Gironde. Alors, je suis retourné à la gare, la sale gare gluante de Bordeaux-Saint-Jean, qui sent la sardine et le pétrole.