Page:Frondaie - L'Homme à l'Hispano - 1925.djvu/37

Cette page a été validée par deux contributeurs.
26
L’HOMME À L’HISPANO

golf. Il avait joué les dix-huit trous sans perdre une balle, avec la rapidité des oiseaux. Il avait soif. Tandis que, brutalement, il arrêtait sa voiture, en descendait et, du dehors, à travers la vitre, inventoriait de l’œil la pâtisserie, Cinégiak et Laberose, l’apercevant, s’étaient mis à rire et, tout de suite, à le blaguer ; ils le faisaient avec ce mélange de rosserie et de déférence qu’un tel gentleman imposait. Plus retors qu’un Normand, Oswill, les voyant s’agiter, s’était senti sur le tapis. À travers la vitre, il leur fit une grimace de sympathie et, dès l’entrée, se dirigea vers eux. Cordial, il prit l’épaule de Laberose :

— Vous parliez de moi, je suis sûr !

Cinégiak rit franchement :

— Oui, du pari…

Il faisait allusion à une histoire, vieille de dix ans et connue de tout Biarritz. C’est à la suite de cette histoire qu’Oswill avait dû quitter Londres et qu’il s’était installé sur la côte basque.

Il rit à son tour, jovial :

— Le pari ? Rigolo, hein ?

Il ajouta gravement :

— Ils ne sont pas très intelligents en Angleterre… J’avais parié que le son de la voix humaine est le meilleur moyen physique pour avoir une femme. Je disais : le seul certain. Alors j’avais loué un ténor qui avait une voix extraordinaire… très belle… et je le menais chez mes amis…